Pour s’opposer à l’arbitraire et à des pratiques managériales délétères, les personnels du lycée Massignon (OSUI Bouskoura-Casablanca) se sont massivement mis en grève ce mardi 5 décembre, dans le cadre du préavis déposé par le SNES-FSU sur l’ensemble du réseau MLF (voir l’appel du SNES HDF) : 80% des professeurs détachés ont cessé le travail, ainsi que des enseignants en contrat local.
Une semaine plus tôt, un collègue de l’établissement recevait un courrier l’informant que la Direction générale de la Mission laïque française avait décidé de ne pas demander auprès du MEN le renouvellement de son détachement. Cela sans qu’aucun motif ne lui soit communiqué, et sans qu’aucune Commission consultative paritaire (CCP) n’ait été consultée au préalable. Décision arbitraire dans son principe même, puisque la MLF profite de l’échéance du renouvellement de détachement pour mettre à la porte un collègue sans motif et sans aucune forme de procédure.
Les grévistes ont exprimé la souffrance au travail d’un nombre important de personnels de cet établissement sur des affichettes qui en disent long sur le climat social catastrophique qui y règne, notamment depuis l’arrivée du nouveau chef d’établissement l’an dernier. En effet, une grève locale avait déjà largement mobilisé les collègues en février dernier (voir l’article). Force est de constater que l’employeur n’a pas pris la mesure du profond malaise des personnels, qui ne fait que croître dangereusement.
Réunis en assemblée générale, les grévistes ont rédigé un communiqué de presse mettant en lumière leur malaise lié à la gestion des ressources humaines, dénonçant l’opacité des décisions, le management par la peur et la mise sous pression des personnels, les dérives langagières ou encore l’absence de consultation sur le plan pédagogique. Ils ont également dressé un bilan des dysfonctionnements dans l’établissement, et élaboré un plan d’action visant à inscrire la mobilisation dans la durée (appel à l’arrêt de certains projets « vitrines » de la MLF, notamment).
Une heure d’information syndicale est prévue le 12 décembre pour faire le point et poursuivre la lutte pour le respect des droits de tous les personnels et de leurs conditions de travail.
L’appel à la grève du SNES-FSU contre les non-renouvellements de détachement arbitraires à la MLF a été bien suivi dans d’autres établissements aussi, notamment au Maroc (Malraux-Rabat, El Jadida...)
En réponse au préavis de grève du SNES-FSU, la MLF propose une Commission consultative paritaire. Consultative ?
Le SNES hors de France a été informé de la décision de la MLF - sans motif - de ne pas demander auprès du MEN le renouvellement de détachement de deux collègues (dont un à Massignon) le 27 novembre. Pour que cessent ces pratiques d’un autre âge, le SNES-FSU a déposé le préavis de grève et demandé à la MLF de revenir sur sa décision, le cadrage obtenu en mars dernier n’ayant pas été respecté. Rappelons en effet que l’an dernier, 8 collègues (du 1er et du 2d degré) étaient victimes de cet arbitraire dans le réseau de la MLF et que suite aux interventions du SNES-FSU, la MLF s’était engagée à ce que les éventuels avis défavorables soient désormais étudiés à la CCP de novembre. Engagement non tenu par la Mission laïque française.
En réponse au préavis de grève déposé par le SNES-FSU, la MLF a proposé de réunir une CCP le 5 décembre, pour « évoquer » deux situations de détachés non renouvelés cette année. Pour le SNES, une Commission consultative paritaire n’a de sens que si elle est consultée avant une prise de décision. Evidence qui n’en est pas une pour tout le monde... A notre demande de suspendre la décision de non-renouvellement en l’attente d’une consultation de la CCP et de communiquer au collègue un motif pour lui permettre d’y répondre et de pouvoir ensuite être défendu en commission, avec un échange sur le fond de ce qui lui est reproché (ce qui pour le SNES-FSU est notre rôle de représentants des personnels), la MLF a opposé un refus catégorique et de principe : elle ne fournira jamais aucun motif à un avis défavorable au renouvellement de détachement. Tous les personnels détachés au sein du réseau MLF sont donc concernés et gravement précarisés, avec une épée de Damoclès à chaque demande de renouvellement de détachement.
Quant aux « valeurs » affichées dans la Charte de l’association, quel sens accorder au mot « humanisme » ?
Faisant la différence entre « consulter » et « informer », et étant donné le refus de suspendre la décision de non-renouvellement ainsi que le refus de communiquer au collègue un motif, le SNES-FSU a rejeté la proposition de la MLF de réunir la Commission consultative paritaire, qui dans ces conditions n’aurait eu de consultative que le nom. Cela n’a pas empêché la MLF de maintenir sa proposition de réunir la CCP, sans fournir aucun document préparatoire. CQFD... Le SNES-FSU n’a évidemment pas participé à un tel simulacre de dialogue social, et soutient les collègues qui, par la grève et l’action collective, défendent leurs droits.