L’application de la réforme Blanquer du lycée et du baccalauréat à l’AEFE doit prendre en compte l’ensemble des établissements (238 établissements homologués pour le cycle terminal) aussi bien pour la passation des épreuves que pour la répartition de l’offre d’enseignement.
1- Les nouveaux programmes
A l’AEFE comme en France, on est dans le brouillard : il faut penser les enseignements du cycle terminal sans connaître le contenu des programmes ! Encore une fois, une réforme se met en place à la hussarde et dans la précipitation. C’est pourquoi le SNES a fait le choix de diffuser les projets de programmes dès mi-octobre, afin que la profession s’en empare avant la consultation de la première quinzaine de novembre.
Les programmes seront finalisés en janvier 2019.
2- La préparation de la nouvelle seconde (rentrée 2019)
Les changements sont la fin des enseignements d’exploration, le renvoi au local pour l’accompagnement spécialisé (AP), la création d’un enseignement de “sciences numériques et technologiques” pour tous les élèves, la limitation à une option générale (le latin comptant en plus). Pour plus de détails, lire cet article .
La nouvelle seconde n’est certes pas chamboulée, mais elle impacte les services avec la suppression de plusieurs enseignements et, pour celui qui est créé, la question de savoir qui l’assurera.
3- La préparation de la nouvelle première (rentrée 2019)
Pour une présentation globale, voir cette page. L’enjeu est, dès maintenant, la définition des enseignements de spécialité et des options que l’établissement pourra offrir.
Le SNES (voir cet article) affirme deux principes :
– L’offre de formation doit demeurer au moins aussi riche et variée qu’elle l’est actuellement, il est hors de question de la réduire.
– En corollaire, la nouvelle carte des enseignements ne doit pas conduire à des suppressions de postes.
Suite à un groupe de travail fin octobre, l’AEFE est sur une position proche et souhaite assurer la continuité et la stabilité :
– L’équivalent des spécialités actuellement enseignées devra perdurer, soit les 7 spécialités pour les établissements proposant les 3 séries : SES ; mathématiques ; physique-chimie ; SVT ; littérature-humanités-philosophie ; HG-géopolitique-sciences politiques ; langues, littératures et cultures étrangères.
– L’offre de formation peut être étendue, donc des demandes d’ouverture faites, mais à condition qu’il y ait la ressource humaine disponible sur place (personnels habilités à enseigner telle spécialité) et les ressources matérielles (auditorium, matériels informatiques, audiovisuels, artistiques…).
La décision sur les enseignements offerts sera prise par le MEN en janvier 2019, qui se basera sur la proposition de l’AEFE et évitera que l’offre de formation soit objet de concurrence entre les établissements dans une même ville. L’Agence lance une enquête auprès des chefs d’établissements en novembre 2018 pour recenser les demandes. Ils doivent répondre le 30 novembre au plus tard.
Le SNES appelle les personnels à se saisir de l’enquête et à demander une réflexion en séance plénière (heures banalisées) et une consultation du Conseil d’établissement. Nous avons demandé à l’AEFE de donner pour instruction aux chefs d’établissement d’organiser une concertation aussi large que possible, qui ne saurait se réduire au conseil pédagogique. Vu les enjeux, il est important que tous les personnels soient consultés et puissent s’exprimer, sans le filtre ni les biais du conseil pédagogique.
4- L’examen du baccalauréat
Sur les dangers que la réforme fait peser sur la valeur nationale du baccalauréat, lire le désintox du SNES.
Le grand oral en épreuve finale de fin de terminale sera chronophage. Le faire passer en fin d’année (juin) sera délicat, dans un calendrier troué par les vacances, les fêtes nationales et religieuses, et au vu du grand nombre de candidats = tous ceux des établissements AEFE + des partenaires + candidats libres (environ 2600-2800).
La solution envisagée est d’élargir la plage de l’épreuve, en commençant avant les vacances de printemps. Mais cela pose le problème de la préparation, prévue dans le cadre des enseignements de spécialités.
Les épreuves communes de contrôle continu sont corrigées au sein de chaque établissement. Pour éviter qu’un enseignant corrige ses élèves (lorsqu’il est le seul de sa discipline) ou des élèves qu’il a eus, pour éviter aussi des risques de pressions par l’établissement sur ses correcteurs, l’échange de copies entre lycées est envisagé. Cette solution est possible avec la capacité de dématérialisation. Faut-il limiter cela aux petits établissements ou inclure tous les établissements ? Faut-il échanger entre binômes ou brasser les copies ? Rien n’est tranché.
En l’état actuel des textes, il n’est pas possible de rémunérer la correction ni de suspendre des cours. Le SNES poussera à ce que les textes soient modifiés et que les IJE (indemnités de jury d’examen) ou un équivalent indemnitaire couvrent aussi ces corrections. Tout travail mérite salaire !
Les enjeux de cette réforme sont multiples, elle impactera l’exercice de nos métiers et, par l’obsession de l’évaluation, peut avoir des effets pervers sur notre liberté pédagogique. Avec le SNES battons-nous pour ne pas être dépossédés de nos métiers.