31 janvier 2025

AEFE : l’opérateur public

Examens 2025 - groupe de travail AEFE

Examens 2025 - groupe de travail AEFE

Le SNES-FSU a pris activement part le 28 janvier 2025 au groupe de travail AEFE sur les examens à l’étranger, notamment pour faire le bilan de la session 2024 et examiner le projet de note de service de l’Agence pour la session 2025. Consulter notre article examens 2025, actualisé au fur et à mesure de l’année.

1- Bilan de la session 2024

  • Dysfonctionnements divers. Le SNES-FSU a listé les signalements qu’il avait effectué “en direct” à la DEOF lors de sessions 2024 : convocations tardives ou multiples ou par whatsapp, examinateur qui interroge ses propres élèves, recours aux seuls examinateurs de l’établissement pour limiter les déplacements, oraux en visioconférences, nombre démesuré de candidats par jour pour les oraux, arrêt complet des cours pendant 3 semaines dans certains centres d’examen, décharges de cours refusées ou placées les jours où le correcteur n’a pas cours (sic), tâches de secrétariat d’examen imposées aux enseignants… La partie 3 sur les perspectives de la session 2025 revient sur ce que compte faire l’AEFE et ce que conseille le SNES-FSU.

  • Charge évaluative des candidats individuels (« candidats libres ») : comme le SNES-FSU l’avait demandé à l’Agence, des correcteurs en académie en France sont sollicités pour la correction des copies de ces milliers de candidats hors AEFE. Nous attirons l’attention de l’Agence sur l’impact organisationnel de ces épreuves sur les établissements qui doivent arrêter tous leurs cours, notamment dans les villes où le lycée français AEFE est le seul centre d’examen : le Caire, Tananarive et Alger. Pour soulager ces établissements, l’Agence envisage l’ouverture de nouveaux centres d’examen là où il existe d’autres établissements homologués (Tananarive et Le Caire). Cette solution serait effective pour la session 2026. Le SNES-FSU suivra l’avancement de ce processus.

  • Situations particulières

    - Niger  : la fermeture de l’établissement a imposé le déport des examens à Lomé et des dispenses des épreuves d’EPS et des ECE.

    - Israël : les épreuves ont été déplacées en les alignant sur le calendrier France pour tenir compte de la fermeture de l’établissement durant les événements d’octobre 2023.

    -Vanuatu : la situation en Nouvelle-Calédonie (bac en contrôle continu) a impacté l’organisation des examens, sous l’égide du vice-rectorat de Wallis-et-Futuna et en faisant appel pour le DNB à des correcteurs de la zone Asie Pacifique.

    - Haïti  : le lycée de Port au Prince, qui a suspendu sa convention avec l’AEFE et est hors partenariat, a fonctionné en enseignement à distance. Comme centre d’examen, il a accueilli 19 candidats de 1re et terminale.

  • Recours au CNED pour les enseignements de spécialité : le CNED propose l’ensemble des spécialités sauf artistiques (musique, théâtre, cinéma-audiovisuel, histoire des arts) et sportives. Les établissements qui y ont recours doivent assurer un accompagnement administratif et pédagogique. Les nombres de demandes d’ouverture, d’établissements demandeurs, de spécialités (13, avec en tête NSI, HLP, arts plastiques, HGGSP et LLCER) et de refus (justifiés par le manque d’enseignants ou de correcteurs dans la zone) sont stables. Cela témoigne d’un rythme de croisière qui montre que l’attente des familles est satisfaite.
    Ce sont les établissements qui prennent en charge le coût de ces cours CNED et peuvent - ou non - le répercuter sur les familles. A la demande du SNES-FSU au GT 2024, un bilan global a été fait à l’échelle du réseau : 54% des cours CNED sont pris en charge par les établissements. Le dernier mot quant au choix de suivre ou non une spécialité par le CNED revient aux familles.

  • Taux de réussite : ils retrouvent les niveaux d’avant les années covid (France : 96,1% en série générale).

    En rythme nord (environ 22000 candidats), le taux de réussite a été de 98.3 % (+0.5 point). Stabilité pour les mentions, 25,8% de mentions TB, 29,4% de mentions B, 25.8% de mentions AB.

    En rythme sud (environ 700 candidats), le taux de réussite est identique à celui de l’année dernière, à 97,9 % (-1,1 point) : 24,4% de mentions TB, 32,1% de mentions B, 28,1% de mentions AB.

  • 1re session du BFI (bac français international) : cette arme du Ministère de l’Éducation nationale taillée sur mesure pour l’enseignement français à l’étranger et pour contrer l’hégémonie de l’IB monte en puissance. Aujourd’hui on compte 132 sections BFI dans 107 établissements, avec pour but de compter au moins une section par EGD (établissement en gestion directe). Sur 1061 candidats, 99,8% ont obtenu le diplôme dont 48,7% avec mention TB et 31% mention B (chiffres rythme nord). Les moyennes de spécialités sont bonnes (de 14 à 16), mais ce sont les enseignements spécifiques du BFI (connaissance du monde et approfondissement culturel et linguistique) et bien sûr les langues vivantes où les moyennes sont les plus élevées. Ce BFI valorise les élèves excellents.

    Le SNES-FSU attire l’attention de l’AEFE sur les effets du bornage des détachements à 6 ans, qui fragilise de tels dispositifs : en effet, des enseignants qui ont été les chevilles ouvrières de ces sections sont forcés de quitter l’établissement au moment même où elles monte en régime, et le vivier de recrutement est aléatoire selon les pays pour les remplacer. La DEOF dit être sensible à cette problématique.

2- Point sur les indemnités de correction et d’examen

L’AEFE explique que des progrès ont été faits concernant les versements d’IJE (indemnités de jury d’examen) pour les candidats scolaires : elle a resserré le calendrier de traitement des états de frais. Il lui reste quelques établissements à traiter et des ajustements à apporter. Tout dépend de la remontée par les établissements… donc par les examinateurs eux-mêmes. Il suffit d’un examinateur manquant pour bloquer l’ensemble des états de frais d’un centre d’examen. Lorsque la remontée se fait en temps et en heure en septembre-octobre, la mise en paiement est opérée dès novembre-décembre.

Le SNES-FSU conseille donc à ses représentants d’interroger le chef d’établissement en septembre pour savoir où en est le processus, et lui demander d’insister auprès des éventuels retardataires.

De fait, signe prometteur, moins de collègues ont saisi le SNES-FSU cette année. Il semble notamment que, concernant les indemnités pour les candidats individuels, le changement de méthode demandé par le SNES-FSU a porté ses fruits.

  • Qui paye quoi ?
    – les détachés sont rémunérés par l’AEFE (IJE et indemnités d’évaluation de contrôle continu
    – les recrutés locaux sont rémunérés par l’établissement qui les emploie. L’AEFE recommande que cela soit sur des montants identiques aux détachés. Le SNES-FSU, attaché à l’équité, demande à ses sections d’établissement de lui signaler si ce n’est pas le cas.

  • ECE - NSI - oraux

    Depuis la session 2023, les ECE (épreuves orales de compétences expérimentales) de SVT et physique-chimie et les épreuves pratiques de NSI seront rémunérées.

    Depuis la session 2024, à la demande du SNES-FSU, la rémunération des oraux est déterminée par les horaires de convocation et selon l’état de frais complété par l’enseignant-e : ce n’est plus le nombre d’oraux à mener qui est pris en compte, mais la durée globale de convocation sur la journée, ce qui correspond à la réalité du travail fourni.

  • coordination pédagogique des épreuve écrites du baccalauréat (français, philosophie et enseignements de spécialité)

    Depuis plusieurs années le SNES-FSU demande la rémunération de la coordination pédagogique du baccalauréat, au nom du principe “tout travail mérite salaire” et depuis 2023 d’une note de la DGSCO du MEN. L’AEFE a été convaincue, mais l’application n’a pas pu se faire pour la session 2024 pour des raisons budgétaires. Nous le déplorons, au vu de la somme globale en jeu de l’ordre de 60 000€.

    La rémunération interviendra bien pour la session 2025, sous réserve d’un vote au CSA d’avril. Elle se fait sous forme d’1/4 d’IMP soit un montant de 312,5€. Le SNES-FSU a attiré l’attention sur la contrainte résultant du cadre réglementaire des IMP défini par la circulaire n°1576 du 24 juin 2016, laquelle prévoit un vote en CE durant l’année scolaire précédente. Une solution pourrait être le traitement spécifique des missions dites ponctuelles, donc un vote lors du CE au moment de la session en cours.

    Le SNES conseille de :
     compléter précisément les états de frais en indiquant l’heure d’arrivée en salle et l’heure de départ du centre d’examen.
     conserver une copie de l’état de frais
     s’assurer, via la section SNES-FSU de l’établissement, que le chef d’établissement transmet au plus tôt les états de frais à l’AEFE.

3- Perspectives sur la session 2025

  • Composition des jurys : le SNES-FSU avait obtenu en 2023 que pour la correction du DNB, sont mobilisés en priorité les enseignants exerçant en collège n’ayant pas été sollicités pour le baccalauréat. Les enseignants de lycée déjà convoqués dans un jury de baccalauréat ne doivent être appelés qu’en dernier recours. Cela évite par exemple, pour les professeurs de lettres, d’ajouter le DNB aux écrits + oraux de l’épreuve anticipée de français et au grand oral. La DEOF le rappellera aux divisions des examens des académies partenaires.

    Par ailleurs, aucun enseignant ne peut examiner un candidat qu’il a eu comme élève durant l’année, ni surveiller ses propres élèves.

  • Convocations : comme nous l’avons fait préciser dans la note examens, elles doivent être transmises par le chef d’établissement par écrit doublé d’un mail. Un enseignant ne doit pas se rendre dans un lieu d’examen sans convocation, il est extravagant et complètement non réglementaire que des convocations se fassent par whatsapp ou du soir au lendemain. La DEOF en convient. Signalez-nous sans délai de telles anomalies !

  • Epreuves un jour férié  : le SNES-FSU dénonce le travail gratuit qui découle de surveillances ou d’oraux qui ont lieu un jour férié, ce qui arrive souvent en zone Amlasud et systématiquement dans les pays où le week-end est le vendredi-samedi (Algérie, Egypte, Djibouti, Jordanie, Arabie saoudite…). Nous demandons qu’une rémunération soit mise en place, que ce soit pour les recrutés locaux ou les détachés. L’AEFE va étudier la question et inciter à une rémunération ou au moins une compensation (décharges de cours équivalentes).

  • Décharge de surveillances : le SNES-FSU a fait rectifier dans le projet de note examens 2025 une erreur de la DEOF qui limitait cette décharge aux enseignants de français et de philosophie. Elle bénéficie à tout enseignant d’épreuves écrites terminales, donc français, philosophie et enseignements de spécialité à partir du moment où il a reçu ses lots de copies.

  • Décharge de cours pour tous les correcteurs : le SNES-FSU rappelle que la nécessité de décharge de cours pour corriger est impérative. Nous avons obtenu que la décharge mentionne que les réunions d’entente sont à distinguer du temps d’évaluation des copies : un correcteur qui prend part à une telle réunion ne bénéficie pas d’une décharge de cours, mais répond à une convocation de jury d’examen. De même, il est aberrant qu’un chef d’établissement accorde des décharges sur les jours où les correcteurs n’ont pas cours - la DEOF en convient.

    Le SNES-FSU conseille aux correcteurs d’utiliser leur droit à décharge de cours, dès lors que la charge de correction le justifie. Pour éviter toute individualisation, nous conseillons de cadrer collectivement en amont la mise en place des décharges.

  • Oraux en visioconférence : l’AEFE assume de continuer à recourir au distanciel pour les oraux du grand oral car cela permet, outre de réduire l’empreinte carbone de l’examen, de proposer une variété plus grande de disciplines.

    Pour le SNES-FSU, la norme d’un examen est le présentiel. Nous nous sommes fait l’écho des dysfonctionnements en zones Amlasud et Afrique de l’ouest qui démontrent que l’examen à distance constitue une forme dégradée d’examen : la visio dénature l’épreuve dans ses conditions pratiques (problème de son), dans l’interaction entre examinateur et candidat (nécessité pour le jury et/ou le candidat de répéter questions ou réponses) et même dans l’interaction au sein du jury du grand oral quand les deux examinateurs sont dans deux endroits différents ! Pour nous, seule la situation sanitaire amenant à fermer un établissement où les frontières ou une situation sécuritaire tendue peut justifier, exceptionnellement, le recours à la visioconférence pour la tenue d’examens oraux.

    Le SNES-FSU dénonce la rupture d’égalité des candidats devant l’examen que génère le recours au distanciel dans certains centres : certains passent dans des conditions normales, d’autres en visio avec des connexions satisfaisantes, d’autres encore en visio mais avec des ruptures d’images ou de son, en répétant ou faisant répéter ce qui gêne les examinateurs. Des candidats sont interrogés par leurs propres professeurs de l’année (cas des ECE si l’enseignant n’a pas la spécialité en charge), ce qui contrevient aux consignes générales du MEN. Pour le SNES-FSU c’est le déplacement des interrogateurs, qui garantit un examen de qualité et une évaluation conforme à ce que doit être un examen qui est encore un peu national !

    L’AEFE reconnaît que les divisions des examens privilégient le recours aux oraux en présentiel lorsque les conditions le permettent. Pour autant l’oral en visio est devenu la norme en zone Amérique du nord et Asie Pacifique.

    Le SNES-FSU demande aux collègues de l’alerter dès lors qu’une épreuve orale est organisée en distanciel alors que rien n’empêche les déplacements d’examinateurs (frontières ouvertes, pas de contrainte sanitaire particulière).

  • Tâches de secrétariat d’examen : nous avons dénoncé les établissements où il a été demandé aux enseignants d’assurer des tâches administratives (anonymer et scanner les copies, coller les étiquettes…). Ces tâches sont dévolues aux personnels administratifs, elles ne peuvent pas être imposées à des enseignants.

  • Service coordinateur des examens : l’expérience de ces dernières années montre que le déroulement des examens gagne en efficience lorsqu’un service coordinateur des examens les pilote à l’échelle d’une zone. La plupart des zones sont à ce jour dotées d’un tel service, la zone Europe du nord et scandinave est la dernière en date avec Bruxelles. Pour la zone Moyen Orient, Le Caire pourrait gérer les examens en Egypte et Abu Dhabi ceux du reste de la zone. Restent les zones Océan Indien et Afrique australe et orientale…

    Le SNES-FSU insiste sur la nécessité de donner les moyens humains à de tels services pour qu’ils puissent fonctionner au mieux. L’Agence répond que des postes sont créés à plein temps et financés normalement par la zone.

  • Frais d’examen  : au vu de la grande diversité et de l’inflation de ces frais, nous avions demandé lors du GT 2024 qu’une étude globale soit menée. Elle montre que pour le bac les frais d’un candidat scolaire vont de 76€ (Singapour) à 500€ (Prague, Moscou), avec une moyenne autour de 200-250€. Le plus souvent, les frais exigés des candidats CNED scolaires et des candidats individuels sont les mêmes, alors qu’ils n’acquittent pas de frais de scolarité et que leur nombre croissant impose des coûts et des difficultés organisationnelles. Une distinction des frais selon le statut des candidats s’impose. Le SNES-FSU estime qu’un objectif pourrait également être d’uniformiser les frais par zones, car de tels écarts sont difficilement justifiables.

  • BTS : l’expérimentation engagée en 2022 dans trois établissements, à Athènes (BTS tourisme), Casablanca et Tanger (commerce international) est un échec : difficulté à recruter, cohortes très limitées de 4-8 élèves, taux de réussite très décevants (44%). Les sections ferment donc à la rentrée 2025, les cohortes engagées passeront leurs épreuves en 2025 et 2026. Il ne sera pas donné suite aux projets qui avaient germé ailleurs dans le réseau.

  • Situations particulières : au Liban sous les bombardements israéliens, l’enseignement à distance a permis de limiter les retards et aucune demande de report d’examens n’a été faite. L’abandon par le MEN de l’obligation du DNB pour passer en seconde est un soulagement au Liban où 89% des élèves des établissements français ne passent pas le DNB pour se consacrer au très exigeant brevet libanais. En Syrie, le lycée de Damas (hors partenariat avec l’AEFE) fonctionne en enseignement à distance. Au Qatar, les dates de la fête de l’Aïd coïncident avec celles du bac, mais finalement les autorités locales ont autorisé l’ouverture du centre d’examen. En Israël, les examinateurs de la zone ne pourront pas se rendre dans les centres d’examen à cause du coût et de la rétractation de la desserte des liaisons aériennes : il sera donc fait appel aux examinateurs dans le pays (chassé-croisé entre Tel Aviv et Jérusalem).

La note de service sera soumise à avis au CSA d’avril 2025. Une fois adoptée, nous la mettrons en ligne dans l’article examens 2025. Le SNES-FSU adresse à tous ses adhérents à jour de cotisation un vademecum des examens détaillant les droits et les devoirs des correcteurs et l’action collective à organiser si besoin.