Le stage syndical SNES Europe, organisé cette année par la section d’Athènes, a réuni les 18 et 19 octobre une trentaine de militant-es et syndiqué-es SNES et SNEP-FSU venant de 17 lycées français AEFE d’Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Grèce, Hongrie, Norvège, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Suisse, Turquie... Affluence record, dans un contexte d’attaques sans précédent contre le réseau d’enseignement français à l’étranger ! Deux militants du secteur HDF du SNES-FSU ainsi que le responsable du secteur HDF du SNEP-FSU ont participé à l’animation de ces deux journées de formation syndicale qui furent l’occasion d’échanges intenses entre les sections représentées.
Un point d’actualité a été fait sur la situation en France dans la Fonction publique et à l’Education nationale. La notion même de service public est gravement remise en cause par le gouvernement, qui commence à mettre en œuvre les recommandations du rapport CAP 2022 : plan massif de suppressions de postes de fonctionnaires (l’objectif est d’atteindre 120.000 suppressions au terme du quinquennat) ; précarisation des agents via une une profonde remise en cause de leur statut, un recours accru aux contractuels et un projet de « suppression du paritarisme » ; privatisation de certains services via notamment une augmentation assumée des coûts pour les usagers... Les fortes menaces qui pèsent sur l’avenir de l’Etablissement public AEFE, de ses personnels et de ses usagers, s’inscrivent totalement dans cette logique ultra-libérale que choisit l’actuel gouvernement, et que le SNES et les syndicats de la FSU combattent fermement !
L’enseignement français à l’étranger lui aussi fait en effet l’objet d’attaques sans précédent : après la coupe budgétaire inédite de l’été 2017 (première mesure de l’actuel gouvernement, qui se traduit par la programmation de 512 postes résidents et expatriés sur 3 ans), le Ministère de l’Education nationale (MEN) vient d’imposer, sans aucune concertation, la mobilité forcée à tous les personnels détachés, en limitant à 6 ans consécutifs au maximum la durée en position de détachement. C’est, ni plus ni moins, rayer d’un trait de plume l’architecture de l’enseignement français à l’étranger et le « statut » de « résident », et feindre d’ignorer l’histoire même de l’Etablissement public AEFE, dont la création en 1990 avait précisément permis de résorber la précarité de nombreux collègues titulaires qui exerçaient dans les établissements de l’étranger sans détachement, et donc sans avancement de carrière et sans cotisations retraite... Retour en arrière évidemment inacceptable pour les personnels et nocif pour les usagers, en raison notamment de l’instabilité permanente qu’il entend instaurer dans les établissements du réseau (turn-over incessant des équipe éducatives, suppressions de postes facilitées au terme du détachement ainsi limité de façon arbitraire). Le SNES et les syndicats de la FSU, eux, entendent bien combattre par tous les moyens à leur disposition ce recul imposé par le MEN, et continuer à lutter pour un budget et des postes à la hauteur des ambitions de cet outil majeur de la diplomatie d’influence que constitue l’AEFE.
La lutte collective, par la grève notamment, peut finir par payer : souvenons-nous que suite à la coupe budgétaire de 33 millions € de l’été 2017 et au plan massif de suppressions de postes qui s’en est suivi, le Directeur de l’AEFE annonçait en Comité technique qu’il envisageait de ne pas renouveler certains contrats de personnels résidents à la rentrée 2019, premier pas vers la mobilité forcée. En cette rentrée, il n’en est plus question, et cela est clairement à mettre à l’actif des actions fortes menées sur le terrain tout au long de l’année dernière, à l’initiative des syndicats de la FSU. Cette lutte collective, il nous faudra continuer à la mener cette année : pour contraindre le MEN à revenir sur la mobilité forcée que nous rejetons (la note de service sur le détachement est annuelle et peut donc évoluer), mais aussi pour combattre l’aggravation programmée de la situation budgétaire de l’AEFE : le projet de loi de finances 2019 qui est discuté au Parlement prévoit une nouvelle baisse du plafond d’emplois, y compris en contrat local, ce qui en l’état risque d’entraîner de nouvelles vagues d’externalisation de certaines missions, avec leurs conséquences pour les personnels comme pour les usagers. Pour la FSU, il n’y a pas de fatalité, tout est question de choix, et d’autres choix budgétaires sont possibles !
Dans ce contexte, les élections professionnelles 2018 revêtent un enjeu crucial, à l’AEFE comme pour l’ensemble de la Fonction publique : c’est l’avenir du service public, de ses personnels et de ses usagers, qui est en jeu pour les 4 années à venir. Une demi-journée du stage organisé à Athènes a été co-animée avec une militante du secteur HDF du SNUipp-FSU, autour de ces enjeux. A l’AEFE - Comité technique (CT), Commissions consultatives paritaires centrales (CCPC) et locales (CCPL) – comme à l’Education Nationale – Commissions administratives paritaires nationales (CAPN) - , seul un vote massif pour les listes FSU permettra de donner du poids à nos revendications, pour la défense du paritarisme, du service public et de l’Etablissement public AEFE.
Le rôle des commissaires paritaires FSU en CCPL a fait l’objet de nombreux échanges entre militant-es des sections représentées au stage Europe. Dans un contexte de remise en cause du paritarisme et des principes qui régissent le fonctionnement même de la Fonction publique, tous les élu-es FSU en CCPL ont réaffirmé leur attachement aux principes de transparence, d’objectivité et d’équité de traitement, qu’ils/elles défendent et continueront de défendre au quotidien, face à une administration de plus en plus tentée par un « management » par l’arbitraire : ces principes et ces valeurs étroitement liées à la notion même de service public, ce sont ceux que porteront les candidat-es et les listes FSU lors de ces élections professionnelles, en centrale comme dans l’ensemble du réseau AEFE.
Engagé-es au quotidien, les élu-es et candidat-es FSU aux élections professionnelles le sont aussi dans leur établissement, en tant que secrétaires de section SNES/SNEP/SNUipp et/ou représentant-es des personnels dans les instances de l’établissement. Le stage Europe a aussi permis de faire le point sur le fonctionnement de ces instances et le rôle que nous pouvons y jouer : le Conseil d’établissement (CE) et les instances qui en émanent (notamment Conseil du second degré et Commission hygiène, sécurité et conditions de travail des personnels) ont certes un rôle consultatif sur nombre de sujets, mais aussi un rôle décisionnel sur un nombre croissant de questions ; et même lorsque l’avis du CE n’est « que » consultatif (par exemple sur la carte des emplois), la représentation des personnels y est fondamentale en ce qu’elle permet la transparence et le débat contradictoire si nécessaires. L’élection de représentant-es FSU des personnels dans ces instances de l’établissement permet aussi un lien étroit avec les représentant-es FSU dans les instances centrales de l’AEFE (Conseil d’administration, Comité technique, CHSCT, CCPC, Commission nationale des bourses...). C’est ce syndicalisme de lutte et de terrain que portent les sections SNES et FSU en Europe comme partout dans le réseau AEFE.
Un grand merci à la section SNES du lycée franco-hellénique d’Athènes pour l’organisation de ce stage très réussi, qui fut un grand moment d’échanges, de réflexion collective, mais aussi de convivialité entre les sections SNES et SNEP-FSU d’Europe en cette année à la fois tourmentée et combative !