3 septembre 2025

Carrière et mutations

Règles concernant le détachement à l’étranger - rentrée 2026

Règles concernant le détachement à l'étranger - rentrée 2026

La note de service du MEN relative aux recrutements et détachements à l’étranger pour la rentrée 2026 est parue au BO n°32 du 28 août 2025.

Le bornage des détachements toujours d’actualité

Malgré les efforts constants des syndicats de la FSU auprès du MEN, des élus et du Ministre des Français de l’étranger (voir cet article), le MEN , faisant fi des dysfonctionnements patents générés par le système qu’il a mis en place, publie une note de service quasi à l’identique de celle de l’an dernier : il maintient le bornage à 6 ans mis en place en 2019 et se montrant inflexible sur les demandes de dérogation à 9 ans .

Ainsi, sur les 177 agents qui étaient concernés par le bornage à 6 ans à la rentrée 2025 (108 dans le 1er degré et 69 dans le 2d degré), la DGRH du MEN a reçu 34 demandes de dérogation à 9 ans pour 3 types de motifs : familial (conjoint-e sur place), médical et professionnel (projet en cours dans l’établissement). Sur les 34 demandes, seules 5 ont reçu une suite favorable (notamment sur des postes très peu attractifs en Afrique) et 29 ont essuyé un refus de dérogation (principalement justifiée par un motif familial).

Par ailleurs, bien avant la parution de cette note de service, les premières réponses aux demandes pour la rentrée 2026 sont tombées durant l’été : malheureusement il n’y a aucun infléchissement de la politique, les refus de renouvellement pleuvent.

Conditions pour obtenir un détachement

Peuvent candidater les personnels titulaires qui, au 1er septembre 2026, justifient d’une durée minimale de service dans leur corps.

Conformément aux lignes directrices de gestion ministérielles relatives à la mobilité, « une durée minimale d’expérience professionnelle sur le territoire français en qualité de titulaire dans le corps, est appréciée dans l’examen des candidatures. »

Concrètement, lors de l’étude des demandes de détachement l’an dernier, la durée minimale retenue par le MEN était d’une année de service effectif en tant que titulaire.

  • Les périodes de disponibilité ne sont pas des périodes de service effectif.
  • Les personnels stagiaires ne peuvent pas faire l’objet d’un détachement, quelle que soit leur résidence antérieure.
  • Les périodes de congé parental sont prises en compte dans la durée minimale d’exercice. Cette reconnaissance du congé parental dans les services effectifs est une victoire du SNES-FSU, qui avait saisi le Conseil d’État en 2020, voir notre article.

Le SNES-FSU continue d’exiger l’abandon du bornage des détachements à 6 ans qui non seulement n’a atteint aucun des effets positifs escomptés par le MEN, mais a en plus créé des difficultés pour l’opérateur public comme pour les personnels.

Le SNES-FSU milite également pour la prise en compte des situations particulières qui l’étaient auparavant : personnels dont le conjoint est établi dans le pays, retour des ex-personnels de droit local lauréats de concours à l’issue de leur stage.... Il dénonce toutes les restrictions imposées par le MEN pour l’obtention d’un détachement.

La formulation des Lignes directrices de gestion (ci-dessus) manque de clarté et donne ainsi à l’administration toute latitude pour répondre de manière différenciée aux personnels qui se trouveraient néanmoins dans des situations identiques, ce que le SNES-FSU dénonce.

Procédure de demande de détachement

Le détachement n’est pas de droit et reste soumis à l’accord du MEN (nécessités du service). Le détachement relève exclusivement de la compétence de la direction générale des ressources humaines (DGRH B2-3) du MEN, aussi nommée « 29e rectorat », en charge des détachés hors académie.

Pour les personnels recrutés par l’AEFE ou la MLF, le dossier de demande de détachement est géré par l’opérateur qui le transmet à la DGRH B2-3 du MEN.

Les personnels recrutés par les établissements partenaires transmettent un dossier complet (formulaire de demande de détachement, copie du dernier arrêté de changement d’échelon, original du contrat de travail signé et daté) à la direction de l’établissement qui l’adresse pour visa au service de coopération et d’action culturelle (SCAC) de l’ambassade de France ; ce dernier assure la transmission du dossier visé à la DGRH B2-3 du MEN.

Attention, le dossier de demande de détachement doit impérativement parvenir à la DGRH B2-3 avant le 31 mars 2026, soit par courrier, soit par voie électronique. Au-delà de cette date, la note spécifie qu’aucune demande ne sera traitée.

Après instruction des demandes et recueil si nécessaire de l’avis du recteur, la DGRH B2-3 du MEN adresse les arrêtés individuels de détachement aux opérateurs ou aux établissements partenaires pour notification aux intéressés, au plus tard le 30 juin 2026. En cas de refus, elle notifie aux intéressés le refus de détachement, avec une information à l’opérateur ou à l’association.

Aucun départ en poste n’est possible avant réception de l’arrêté individuel de détachement signé par la DGRH B2-3 du MEN.

Les fonctionnaires placés en position de détachement direct auprès d’un établissement peuvent conserver leurs droits à avancement et à la retraite dans leur corps d’origine, à condition d’opter pour ces droits en complétant le formulaire de déclaration d’option joint à l’arrêté ministériel de détachement. L’option choisie est irréversible pour toute la période de détachement.

Avis des recteurs

L’avis du recteur n’est pas requis pour les détachements pour l’AEFE jusqu’au 31 mars. Deux exceptions cependant à cette politique de gestion des détachements : la Guyane et Mayotte faisant face à une forte pénurie de titulaires, le MEN suit systématiquement les avis formulés par le recteur, y compris avant le 31 mars, avis la plupart du temps défavorables.

L’avis du recteur est requis  :

- pour les demandes de détachement hors AEFE

- pour les demandes de détachement à l’AEFE parvenant au MEN après la date butoir du 31 mars

Le MEN suit l’avis des recteurs et n’accorde donc le détachement qu’après un avis favorable des autorités académiques. Chaque année, les avis défavorables des recteurs se multipliant en raison de la pénurie de titulaires liée à la crise de recrutement, la situation est problématique tant pour les candidats que pour les opérateurs / établissements.

Pour les personnels ayant participé au mouvement inter-académique, c’est l’académie obtenue qui est sollicitée. En cas d’avis favorable et conformément à la note de service relative à la mobilité des enseignants du second degré - règles et procédures du mouvement national à gestion déconcentrée pour la rentrée 2026 -, le détachement est accordé en priorité et la réintégration ou la mutation est annulée.

En cas d’avis défavorable, les collègues syndiqués peuvent nous contacter afin de permettre une intervention auprès des services adéquats, en lien avec nos sections SNES académiques.

Disponibilité et détachement

Les personnels ayant obtenu une disponibilité ne pourront pas, pour l’année scolaire en cours, renoncer à celle-ci pour solliciter un détachement. Il est donc vivement déconseillé de demander une disponibilité dans l’attente de la décision de détachement.

Détachement et niveau d’enseignement

Conformément à leur statut particulier, les personnels appartenant à des corps du 2d degré ne peuvent être détachés que pour exercer des fonctions d’enseignement dans des classes homologuées des niveaux « collège et lycée » de l’établissement.

Durée du détachement et rupture de contrat

La durée de détachement mentionnée dans l’arrêté de la DGRH B2-3 doit être conforme à la durée du contrat de travail. Celui-ci peut couvrir une période d’une à trois années scolaires, et ne peut en aucun cas être inférieure à une année scolaire.

Le détachement est renouvelable. Toutefois, la note de service reprend une disposition introduite en 2019 sans aucune concertation préalable : la durée maximale en position de détachement est limitée à 6 ans consécutifs pour les personnels qui obtiennent un détachement à l’étranger . À l’issue de cette période, les agents doivent accomplir au moins 3 années de service effectif en France avant de solliciter à nouveau un détachement. Ces dispositions concernent les personnels obtenant un premier détachement ou un détachement pour un nouveau poste à l’étranger, à compter de la rentrée 2019.
Les effets néfastes de ce bornage se font sentir dès à présent pour les collègues ne faisant pas partie du « stock ». En effet, toute nouvelle demande de détachement qui entraîne une durée totale supérieure à 6 ans est refusée par la DGRH B2-3 du MEN.
La seule exception concerne les enseignants détachés au sein du réseau de l’AEFE qui ont fait valoir leur droit d’option suite à la modification du décret 2002-22 en juin 2022 (voir ici). Ces collègues sont repartis au 1/9/2023 sur un nouveau contrat de 3 ans dans leur pays de résidence, et selon la date de début de premier détachement (2019, 2021 et 2022), enchaînent exceptionnellement jusqu’à 8 ans de détachement.

Le SNES-FSU dénonce cette mobilité forcée aux effets néfastes pour les personnels comme pour les établissements d’enseignement français à l’étranger, et combat cette mesure à tous les niveaux.

S’agissant des personnels recrutés par l’AEFE en qualité de formateurs d’enseignants, la note de service introduit une nouvelle contrainte. Ceux-ci restent soumis à la durée du détachement définie dans le cadre de leurs missions sous réserve que leur parcours ne comprenne pas un cumul avec un contrat d’enseignement. Dans le cas d’un tel cumul, la règle de la durée maximum de six ans s’applique à l’ensemble des contrats.

La note de service prévoit que « par dérogation », la durée du détachement « peut être portée à 9 années scolaires consécutives lorsque des circonstances exceptionnelles le justifient ». La note de service 2026 explicite pour la première fois ce que le MEN entend par « circonstances exceptionnelles » : il s’agit de situations familiales ou médicales dûment justifiées, ou de circonstances locales impliquant des conditions particulières d’exercice.

Cette explicitation est un premier pas. Le SNES-FSU a demandé au MEN d’appliquer systématiquement cette extension à toutes les demandes, afin de se donner le temps de mieux évaluer l’impact de la limitation à 6 ans de la durée de détachement - en attendant la fin du bornage de la durée de détachement.

Par ailleurs, « tout contrat de travail signé, y compris dans le cadre d’un renouvellement, vaut acceptation du poste pour la durée mentionnée dans ce même contrat ». Cela signifie qu’un personnel en cours de contrat, ou ayant déjà obtenu son renouvellement de détachement sur le poste qu’il occupe, ne pourra pas obtenir de détachement pour un autre poste. « Une rupture de contrat motivée par une nouvelle demande de détachement n’est pas acceptée (hors circonstances exceptionnelles) ».

Le SNES-FSU dénonce cette règle imposée en 2019, elle aussi sans concertation, qui contribue à bloquer la mobilité au sein du réseau, alors même que le Ministère prétend « favoriser la mobilité » en limitant à 6 ans la durée des nouveaux détachements...

Renouvellement ou fin de détachement

La note de service spécifie que « le renouvellement de détachement n’est pas de droit. »

Lorsque le contrat est renouvelable, une demande de renouvellement de détachement doit être effectuée l’année précédant la reconduction du contrat, « trois mois au moins avant le terme de son détachement. » Attention aux règles spécifiques des opérateurs en ce qui concerne le contrat.

Les personnels dont le contrat arrive à terme (non-renouvellement de contrat de la part de l’administration ou de l’intéressée) doivent obligatoirement soit participer au mouvement inter-académique en vue d’une réintégration, soit demander une disponibilité. Attention, depuis début 2024, la DGRH B2-3 du MEN bloque les demandes de disponibilité pour convenance personnelle et suivi de conjoint.e : elle oblige les collègues à réintégrer une académie et à déposer une demande auprès du recteur. C’est une double peine : d’une part, en cas de disponibilité pour convenance personnelle, les refus des recteurs sont nombreux étant donné la pénurie d’enseignants. D’autre part, la disponibilité accordée par un rectorat après réintégration implique une mise à zéro de l’ancienneté de détachement comptée comme « ancienneté sur poste » dans le barème des mouvements, ce qui n’était pas le cas lorsqu’elle était directement accordée par le MEN. Dans les deux cas (réintégration ou disponibilité), les personnels doivent solliciter la DGRH B2-3 et informer de leur choix l’établissement où ils exercent.

Quelques situations particulières

Mouvement inter-académique et obtention d’un détachement : en cas de participation au mouvement inter-académique, les personnels du second degré qui auront obtenu un détachement verront l’arrêté d’affectation dans la nouvelle académie annulé.
Deux exceptions : pour les collègues qui obtiendraient la Guyane ou Mayotte au mouvement inter-académique, c’est cette affectation qui prime sur les demandes de détachement. En effet pour ces deux académies ultramarines, le MEN sollicite systématiquement l’avis du recteur. Aussi, nous vous recommandons de ne pas demander Guyane ou Mayotte au mouvement inter si votre priorité est d’obtenir un détachement à l’étranger.

Détachement et CAFFA (Certificat d’aptitude aux fonctions de formateur académique) : la note de service enterre définitivement cette possibilité, contrairement aux notes de service des années précédentes qui précisaient inlassablement qu’ « à l’appui des résultats d’une expérimentation menée en académie, l’arrêté du 20 juillet 2015 sera prochainement modifié afin de permettre aux enseignants détachés au sein de l’AEFE ou d’une association à but non lucratif chargée de l’enseignement français à l’étranger de pouvoir obtenir cette certification. »

Cela entre en contradiction avec la volonté affichée par le MEN qui indique dans la note de service que « l’expérience à l’étranger doit s’inscrire dans un parcours professionnel qui permettra de capitaliser de nouvelles compétences et d’être, dans toute la mesure du possible, valorisée lors de la réintégration en France ». La DGRH du MEN promeut deux guides d’information pour le départ et le retour des personnels détachés : le guide Partir enseigner à l’étranger publié en 2024 qui a pour vocation à accompagner les enseignants du premier et second degrés dans leur projet de mobilité à l’étranger par voie de détachement et un autre sur le retour après une mobilité à l’étranger qui a pour objectif d’aider tous les personnels détachés à anticiper et à préparer leur retour, que ce soit en matière de valorisation de leurs compétences, de construction de leur parcours professionnel ou de démarches administratives. Dans le cadre de l’accompagnement au retour, l’ensemble des acteurs RH (conseillers RH de proximité, DRH des rectorats...) sont censés apporter aide et conseils. L’expérience montre hélas que ce n’est une fois de plus que de l’affichage, ce qui n’est guère étonnant étant donné les pénuries d’enseignants en académie.

A l’AEFE, maintien en détachement des lauréats de concours : seuls les lauréats de concours déjà titulaires d’un corps de personnels enseignants et d’éducation du second degré, et déjà en position de détachement durant l’année N d’admission au concours, peuvent être maintenus dans cette position administrative pour l’année N+1 pour effectuer leur stage dans leur établissement, à la condition d’exercer des fonctions de même nature que celles des membres du corps dans lequel ils ont vocation à être titularisés. La demande de maintien en détachement sera examinée sous réserve de l’accord de l’AEFE. La procédure AEFE est indiquée dans la Note relative à la réussite aux concours.