Le SNES-FSU a mené une mission syndicale en Afrique centrale dans les lycées AEFE Fustel-de-Coulanges (Yaoundé – Cameroun) et Blaise Pascal (Libreville – Gabon). Stages de formation syndicale et heures d’information syndicale ont été animés par un militant du secteur hors de France du SNES-FSU.
Aux lycées français de Yaoundé et de Libreville, le stage a regroupé une vingtaine de participants. Les échanges, très riches et contextualisés, ont porté sur l’action de la FSU en faveur de tous les personnels, aussi bien détachés que recrutés locaux : conditions de travail avec le CHSCT comme levier d’action, revendications indemnitaires et salariales, problématique des détachements limités à 6 ans... Les situations varient selon les établissements, mais il ressort que partout le SNES-FSU se saisit des instances et du dialogue social pour porter la voix des personnels, et s’il le faut par le rapport de force.
Lors de la rencontre avec le chef d’établissement à Yaoundé, les échanges ont porté sur la carte des emplois et le manque d’attractivité (plusieurs postes gelés), sur le barème de l’IGRD à mettre en conformité avec les priorités définies par l’Agence. Un point a également été fait sur le fonctionnement du conseil d’établissement (CE) notamment pour ce qui concerne, entre autres, l’attribution des IMP et ainsi que celui de la commission d’hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT) où seuls les représentants des personnels ont droit de vote si un avis/délibération est à l’ordre du jour. La section SNES-FSU de l’établissement a demandé l’ouverture de négociations (avec la Direction et l’association des parents d’élèves) sur la revalorisation des salaires des personnels de droit local (PDL) dont les rémunérations n’ont pas été augmentées depuis plusieurs années malgré une inflation conséquente (> à 10%). Le chef d’établissement a été à l’écoute et les échanges ont été cordiaux.
Il en a été tout autrement au lycée français de Libreville dirigé par un chef d’établissement méconnaissant les textes de l’Agence et cédant aux pressions de l’APE. Il a fallu l’intervention de l’Agence pour contrer des atteintes au droit syndical notamment sur l’organisation d’HMIS dans l’établissement. L’HMIS a finalement réuni une trentaine de collègues très remontés.
Une rencontre avec l’ensemble de la Direction de l’établissement a été organisée à l’Ambassade de France par le COCAC. Un premier constat a mis en avant l’absence de dialogue social ainsi que la souffrance au travail de nombreux personnels détachés comme PDL. Le fait que plus des deux tiers des nouveaux arrivants détachés à la rentrée 2024 demandent à quitter l’établissement est à mettre en lien direct avec un pilotage autoritariste peu soucieux du bien-être des enseignants comme des élèves.
De nombreux dysfonctionnements quant au fonctionnement du conseil d’établissement ont été dénoncés : période d’élection des représentants des personnels réduite à une matinée ; réduction imposée à deux heures de la durée ,sans vote, du CE privant ainsi les représentants des personnels/élèves/parents de toute réponse aux questions diverses déposées dans les temps ; non transmission des documents dans les temps réglementaires et votes sur des documents non transmis et non présentés en CE …
La CHSCT, pourtant obligatoire depuis 2019, n’a été installée que le 18 novembre 2024 et ne s’est pas encore réunie. Lors de la première CHSCT les représentants des personnels voteront une délibération sur un audit relatif aux risques psycho sociaux par un organisme indépendant. Il a été également rappelé que le registre sur la santé, la sécurité et les conditions de travail devait être accessible à tous les personnels et consultable dans un lieu dédié en salle des professeurs.
Enfin, le SNES-FSU a dénoncé l’attitude de l’APE, cautionnée par la Direction, qui consiste à promettre des contrats de 12 mois aux personnels de droit local afin de les attirer. Le constat est amère lors de leur arrivée dans le pays lorsqu’ils se voient contraints de signer des contrats de 10 mois. Si l’on ajoute à cela un coût de la vie très élevé au Gabon et une inflation conséquente, une crise de recrutement semble inévitable pour la prochaine rentrée. Or, de l’argent, il y en a ! En plus des élèves du lycée français, un millier de candidats libres issus du système éducatif gabonais passent le DNB et le bac au lycée (plus de 1000 € par candidat pour la session 2025). Cette manne revient en partie à l’APE de l’établissement. Cette masse de candidats libres n’est pas, par ailleurs, sans poser de problèmes : les cours des classes de premières et terminales s’arrêtent fin mai afin que les enseignants puissent corriger les copies et faire passer les oraux à un rythme effréné pendant près de deux semaines.
Le COCAC a été attentif à nos remarques et aux problèmes de gouvernance de cet établissement. Le SNES-FSU a demandé que soit mis en place et que se réunisse une fois par mois une commission de dialogue social.
Le SNES-FSU hors de France sera attentif à l’évolution de la situation de ces deux établissements et remercie les sections locales pour leur accueil et l’organisation des formations.