2 avril 2013

Collectivités d’outre-mer (COM)

Que se passe-t-il au lycée d’État de Wallis-et-Futuna ?

Que se passe-t-il au lycée d'État de Wallis-et-Futuna ?

Le mercredi 27 mars, les élèves comme les enseignants découvraient, à la sortie des cours à 11h25, une affiche (qui n’était pas placardée à la récréation de 9h10-9h30) informant « tous les parents d’élèves du lycée » que l’établissement serait fermé à partir du lendemain « jusqu’à nouvel ordre ». Le président de l’association de parents d’élèves (APEL de Wallis), le seul signataire nominatif de cette affiche, invitait en outre « en urgence tous les parents du lycée à une réunion » pour « information sur la situation conflictuelle au sein de l’établissement ».

Bigre ! les choses sont-elles si graves ?

Malgré des emplois du temps très problématiques (le SNES avait déjà soulevé les possibles difficultés provoquées par la réduction des horaires du lycée au CA du 11 octobre 2011 mais nous avions alors, déjà, été accusés d’obstruction), les élèves vont en classe, les cours sont assurés, et, comme à chaque veille de vacances, bon nombre de contrôles étaient prévus. Mais bloquer l’accès à l’établissement est la meilleure manière de rendre service aux élèves qu’ont trouvée les assiégeants.

Les informations fiables et objectives sont rares, voire même inexistantes, mensongères ou erronées puisque seules les personnes favorables au proviseur ont l’honneur d’être interrogées par l’unique média du territoire.

La rumeur fait courir le nom de trois personnes, dont un représentant SNES, qui doivent partir car « elles sont contre le proviseur », le président de l’APEL demandait, aux informations de 19h30 de jeudi 28, « le retrait de certains enseignants ». La même personne évoquait, le midi « des projets dénigrés au sein du CA ». À notre connaissance, les personnes incriminées n’ont jamais été contactées par leurs accusateurs pour exprimer leur point de vue. Et le proviseur, brièvement rencontré jeudi matin à 7h00 devant la grille du lycée, a refusé de nous adresser la parole et de répondre à nos interrogations.

La vérité est pourtant simple.
Nous ignorions que le lycée connût une « situation conflictuelle » avant que le proviseur adjoint et son épouse fussent fermement invités, par quatre ou cinq ATOS et surveillants de l’établissement, à quitter leur logement de fonction mercredi dans la soirée. Par précaution, ils ont donc entièrement déménagé dans la nuit et fait constater leur évacuation par la gendarmerie.

Nous ignorions que le lycée connût une « situation conflictuelle » avant que l’on ne déconseillât aux enseignants voués à la vindicte de passer devant le lycée de crainte de représailles des assiégeants.
Les trois personnes accusées se sentent d’ailleurs si peu en sécurité qu’elles ont exercé leur droit de retrait auprès du vice-recteur.

Des projets « dénigrés » au sein du CA  ? Personne ne s’est jamais opposé aux projets du proviseur, notamment les stages en milieu professionnel à Fidji et Nouméa ou le voyage pédagogique à Limoges. Quelle personne sensée s’opposerait à une telle opportunité d’ouverture du lycée ?

Par contre, le SNES remarquait, dans ses questions diverses au CA du 16 octobre 2012, soit après ces séjours à l’extérieur : « Pour la deuxième année consécutive, des lycéens du lycée d’État ont eu la chance d’effectuer un séjour loin du territoire dans le cadre de leur formation (stages professionnels à Nouméa et Fidji, voyage pédagogique en Limousin). Tout le monde se réjouit de ce privilège et ces trois projets avaient d’ailleurs été adoptés à l’unanimité au CA du 26 juin. Cependant, contrairement à la circulaire n° 2011-117 du 3-8-2011 concernant les sorties et voyages scolaires au collège et au lycée, aucun budget prévisionnel ni projet précis n’ont été soumis au vote du CA de l’établissement. »

Est-il donc si scandaleux de demander en CA au proviseur, représentant de l’État dans l’établissement, que les textes réglementaires soient appliqués ?
Est-ce donc être « contre le proviseur » que de rappeler les textes officiels ?
Dans ce cas, on doit en conclure que c’est le proviseur qui est contre la réglementation nationale. Il faut pourtant rappeler que, même à 16 043 km de Paris, la gestion des établissements se fonde sur des textes réglementaires nationaux et que le statut des enseignants est aussi régi par des statuts nationaux.
La vérité, le droit, le souci des élèves ne sont probablement pas du côté que beaucoup croient. Nous ne saurions trop conseiller aux personnes trompées de relire « Le cochet, le chat et le souriceau », fable de La Fontaine qui se termine par cette belle et simple morale :

Garde-toi, tant que tu vivras,
de juger des gens sur la mine.